top of page
Rechercher

C'est maintenant ou jamais !




Je le dis assez souvent, nous ne sommes pas suffisamment prêts pour faire face au changement du fonctionnement de notre système de santé, compte tenu des revendications des prestataires de soins et de l’émergence de la technologie. Je pense que d’ici quelques années, les soins ambulatoires et les soins à domicile prendront plus de place dans notre écosystème et que la technologie sera une évidence pour tout le monde.



Mais avant cela, il y a du chemin, et il n’est malheureusement pas possible de mener toutes les réformes en même temps. L’année 2024, avec la formation d’un nouveau gouvernement fédéral, doit être une année cruciale pour définir l’orientation de la politique de santé. Osons une stratégie cohérente pour plus d’efficience et une meilleure qualité des soins. La responsabilité est lourde, surtout pour les prochaines générations qui souhaiteront favoriser de plus en plus leur qualité de vie à celle de la vie professionnelle, et nous savons tous que dans le secteur médical nous avons besoin de personnes engagées et dévouées à la cause humaine. Il faut définir ensemble une orientation claire pour des soins de santé de qualité.



Je vois plusieurs défis, surtout en cette période de négociations fédérales auxquelles je participe : oser parler de l’avenir du médecin généraliste, pilier central de la première ligne, qui est en pleine évolution à travers le monde ! Il est temps de s’en inspirer pour développer au mieux les soins en Belgique. Les généralistes s’orientent vraiment vers un rôle de futurs médecins internes du terrain, qui devront articuler l’ensemble des prestataires de soins autour d’eux. Ils deviendront des coordinateurs de soins et auront cette capacité de soigner de manière plus agréable le patient. Ils amélioreront ainsi la coordination avec les spécialistes. Dans les prochaines réformes de santé publique, il est donc indispensable d’améliorer les liens entre acteurs de santé, en revoyant le parcours du patient et en assurant une place centrale au médecin généraliste. Le NEW DEAL instauré par le ministre de la Santé est un échec et ne favorise pas la valorisation du métier.



Le deuxième défi est la question de la survie des soins de santé en Belgique. Au fil des années, les hôpitaux en Belgique ont dû faire face à une situation financière de plus en plus précaire. Cette vulnérabilité a été accentuée récemment par une série de crises majeures, notamment la pandémie de COVID-19, la crise énergétique et l’augmentation de l’inflation.



La dernière étude MAHA a montré les défis auxquels les hôpitaux sont confrontés, en particulier face à une demande croissante de soins et au vieillissement de la population belge. Je pense qu’il va falloir mieux définir le BMF, censé couvrir les frais d’administration des hôpitaux et les frais liés aux séjours des patients. Depuis 1980, le BMF est une source de frustration et le prochain gouvernement devra urgemment soutenir et revoir le mécanisme de répartition du budget entre les hôpitaux et en fonction du forfait « all in » par DRG. Le choix du mode de financement devrait idéalement dépendre du type de patient, du service et du département et ne plus être lié à une surconsommation d’actes médicaux. Il conviendra donc de simplifier le système du BMF en fonction du coût des pathologies et de le rendre plus transparent. Pour les gestionnaires d’hôpitaux, la complexité du BMF s’est graduellement accrue au point qu’il est désormais perçu comme une « boîte noire », créant une certaine tension auprès des directeurs d’hôpitaux. Cela passe bien évidemment par une rationalisation des structures hospitalières sur l’ensemble du territoire et une responsabilisation des réseaux hospitaliers avec une meilleure gouvernance. Nous avons trop de services aigus (189 hôpitaux pour une densité de 11 millions d’habitants) et nous devons les reconvertir en petites tailles « focused factories » axées sur l’hôpital du jour.



Un autre problème majeur est la pénurie de personnel qualifié, notamment dans le domaine de la santé qui reste un problème aigu. Les hôpitaux éprouvent des difficultés à recruter et à maintenir leur personnel de manière stable, ce qui nuit à leur capacité à offrir des soins continus et de qualité. L’utilisation croissante de personnel intérimaire, en hausse de près de 75 % depuis 2019, reflète cette pénurie. En moyenne, 4,5 % des postes restent vacants, ce qui équivaut à un manque de 4900 équivalents temps plein. Il est donc important que les hôpitaux élaborent un plan d’attractivité pour recruter du personnel qualifié et accordent une attention particulière au bien-être des employés. Des mesures ont été prises par le gouvernement avec les Flexi Job en maintenant les qualités de soins, la mise en emploi des pensionnés, le recrutement des bénévoles avec un forfait annuel plus élevé, la délégation des tâches (même si cela risque de



compromettre la gestion du personnel entre aide-infirmier, infirmier et aide soignante). Des étudiants rémunérés non taxables sont également une option. Les propositions existent, mais nous devons aller plus loin avec une cohérence sur les formations des acteurs de santé de sorte de ne pas créer de confusion, de mettre en place plus de maîtres de stages pour accompagner les nouveaux étudiants et les convaincre de continuer dans cette voie. Il convient donc de définir un plan d’attractivité personnalisé par secteur professionnel, comprenant des initiatives telles que le parrainage, des primes et une politique axée sur le bien-être. Il faut offrir des perspectives de plan de carrière aux personnels en mettant l’accent sur une valorisation significative des compétences. Je le répète souvent, mais c’est aussi une responsabilité des gestionnaires d’hôpitaux d’établir un plan d’attractivité à l’échelle microéconomique et faire en sorte de retenir le personnel. 



Le dernier élément est le développement de la technologie médicale. L’IA détient un potentiel extraordinaire pour transformer le secteur de la santé. Elle pourrait jouer un rôle clé en accélérant les diagnostics en les rendant plus précis, tout en optimisant les opérations hospitalières et en réduisant la charge administrative. Grâce au stockage des données médicales par hôpital, les technologies d’IA peuvent être utilisées pour identifier plus efficacement et rapidement des pathologies, renforçant ainsi les décisions médicales. Le gouvernement doit prioriser les projets qui améliorent les soins pour tous et soutenir financièrement les acteurs de santé, y compris les patients, ayant des solutions bénéfiques pour l’écosystème de la santé. Je pense que l’IA offrira une puissante opportunité pour libérer du temps, améliorer les diagnostics et optimiser les flux de patients.



Le prochain gouvernement ARIZONA devra prendre en compte tous ces défis, et notamment en mettant en place une réelle concertation en santé ; là où parfois ça a manqué lors de l’ancienne législature, et d’avoir une réelle politique commune  pour les deux communautés francophones et néerlandophones, de manière égale. 

18 vues0 commentaire

Comments


bottom of page