C’est un consensus auquel nous pouvons tous adhérer, quelles que soient nos orientations politiques. Il est claire que nous sommes en deçà des recommandations de l'OMS en matière d'investissements dans la prévention, avec seulement 1,6 % du budget de la santé alloué à cette fin, alors que l'OMS recommande un minimum de 5 %. Tous les partis politiques expriment la volonté de réviser notre approche de la prévention, en augmentant le budget qui lui est consacré pour Défi, PTB, les engagés, et en adoptant des plans interfédéraux concernant le cancer et les maladies chroniques pour le PS. Pour le MR, Il est essentiel d'adopter une approche plus holistique en refédéralisant la prévention au niveau fédéral et en établissant des objectifs clairs. Ecolo souhaite notamment mettre en place un plan national de prévention pour des problématiques telles que le burn-out et la pollution.
La question qui se pose alors est la suivante : Comment devons-nous investir et pour qui ? À mon avis, nous devons d'urgence centraliser l'autorité en matière de prévention au niveau fédéral afin de garantir une cohérence entre les volets curatif et préventif de notre système de santé. Adopter des plans inter-fédéraux sans une coordination efficace entre les entités ne peut que compromettre nos efforts préventifs. Cette approche est partagée par Défi, les engagés et le MR, qui soutiennent tous la bascule de la compétence de la prévention au niveau fédéral. Fixer des objectifs de santé en matière de prévention en mettant l'accent sur le développement de coopérations entre les entités fédérées est une solution, en se concentrant sur l'échange de données sécurisées entre elles, ce qui devrait être réalisé rapidement pour élaborer une véritable politique de santé. Comment pouvons-nous envisager une politique de santé sans disposer de chiffres réels sur les indicateurs de santé ? De nombreux acteurs ont avancé la stratégie de Health Population Macro comme piste à suivre et pour identifier les populations à risques. Idéalement, nous devons revoir la gouvernance de l’ensemble du système de soins de santé en Belgique afin de redonner la responsabilité politique du système et de son financement au ministre de la Santé, tout en confiant la capacité opérationnelle à son administration au sein de l’INAMI. Le PS ne se prononce pas sur la refédéralisation de la prévention et le PTB souhaite un seul ministre de la santé avec la création de districts de santé pour 100 000 habitants. Est-ce réaliste ? Ecolo souhaite instaurer une mesure de l’impact sur la santé publique de chacune des décisions structurantes des pouvoirs publics via une analyse préalable « santé ».
Abordons à présent quelques points spécifiques de la prévention. La lutte contre le cancer lié au papillomavirus, par exemple, nécessite des efforts accrus pour encourager la participation aux programmes de dépistage. De même, détecter rapidement les cas de maladies cardiovasculaires grâce à des critères de risque bien définis est primordial pour une intervention efficace. Les maladies cardiovasculaires sont l'une des premières causes de mortalité en Belgique, provoquant chaque année environ 30 000 décès. Une prévention active est donc nécessaire pour réduire de manière significative et durable la morbidité cardiovasculaire. Il est crucial d'adopter une prise en charge adaptée des facteurs de risque associés à ces maladies et de détecter et prendre en charge précocement les personnes souffrant de ces maladies ou exposées à un risque accru en raison de la présence d'un ou plusieurs facteurs de risque tels que l'hypertension et le diabète. L'accès et l'amélioration des prises en charge multidisciplinaires existantes doivent également recevoir une attention particulière. Les engagés et le MR soutiennent un nouveau plan de lutte contre les maladies cardiovasculaires.
Soutenir les centres spécialisés dans les maladies rares, agir précocement contre les comportements et les risques liés à l'alcool, au tabac et à l'obésité, ainsi que promouvoir la vaccination, sont autant d'objectifs cruciaux que nous devons viser. Actuellement, en moyenne, un homme sur trois développera un cancer avant son 75e anniversaire, tandis que pour les femmes c’est un peu plus d'une sur quatre. 15 ans après l’adoption d’un premier plan national contre le cancer, nous avons besoin d’une nouvelle feuille de route solide pour faire reculer cette maladie, avec quelques grands axes principaux : agir avec ambition face aux comportements néfastes pour notre santé qui sont sources de cancer, dépister davantage, renforcer l’accès aux diagnostics et aux soins oncologiques. C'est notamment l'objectif des engagés et du MR selon leur programme.
En Belgique, les taux de vaccination contre la grippe et d'autres maladies restent en deçà des recommandations, notamment chez les adolescents. Pour améliorer cela, permettre aux pharmaciens d'administrer les vaccins pourrait être une solution efficace. Des solutions doivent être mises en place assez rapidement. Les engagés et le MR souhaitent prendre des mesures pour augmenter le taux de dépistage du cancer du col de l’utérus et atteindre la valeur cible de 90 % pour faire reculer la mortalité liée à ce cancer, notamment la mise en œuvre d’un programme organisé de dépistage du cancer du col de l’utérus en Wallonie et à Bruxelles.
Organiser des campagnes de dépistage via des campagnes innovantes en termes de communication, en impliquant les pharmaciens ou en utilisant les réseaux sociaux selon l’âge des publics cibles de la campagne. Envisager de nouveaux dépistages ou des extensions de dépistage comme le cancer du sein dès 45 ans (donc plus tôt qu’actuellement où c’est prévu entre 50 et 69 ans). Investir dans la santé mentale est notamment important. En 2018, 4,3 % de la population avait sérieusement envisagé le suicide et 0,2 % avait tenté de se suicider au cours des 12 derniers mois. Les femmes et les personnes d’âge moyen étaient plus à risque. La fréquence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide est également alarmante. En juin 2021, un jeune sur six (18-29 ans) a même déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide au cours des 12 derniers mois. Dans ce sens, Ecolo souhaite adopter un plan national de prévention du burn-out et permettre des consultations psychologiques très tôt et dès l'école.
La prévention doit être placée au cœur de notre politique de santé. Cela nécessite une coordination efficace entre les autorités fédérales et les entités régionales, ainsi qu'un investissement accru dans des initiatives préventives ciblées. Il est temps de rééquilibrer nos priorités et d'investir davantage dans la prévention pour garantir la santé future de notre pays. Le prochain gouvernement fédéral aura la lourde responsabilité de réorganiser la politique de prévention, et la question de la refédéralisation de la prévention sera sur la table des négociations.
Pour résumer, le MR et les engagés semblent défendre une même politique au sujet de la prévention, Ecolo souhaite établir un plan de prévention pour la santé mentale, Défi, MR et les engagés sont favorables à la refédéralisation de la prévention contrairement au PS. Défi et le PTB souhaitent augmenter le budget de prévention jusqu'à 3 % voire 5 %. Est-ce réalisable? Le temps nous le dira.
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