Aujourd'hui, je souhaite aborder un problème majeur auquel de nombreux hôpitaux sont confrontés : le triage des patients aux urgences. En tant que médecin effectuant des gardes dans un service d'urgences, je suis directement témoin de cette situation complexe. Un grand nombre de patients se présentent aux urgences pour des motifs qui ne sont pas réellement urgents, ce qui entraîne une surcharge de travail pour le personnel médical et des retards dans la prise en charge des cas réellement critiques. Cela crée une certaine nervosité chez le personnel, car ils sont souvent amenés à traiter des cas qui pourraient être gérés efficacement en première ligne.
L'afflux de patients aux urgences pour des problèmes de santé mineurs ou non urgents pose un véritable défi. Les patients ont parfois l'impression que les urgences sont un guichet unique pour tous leurs problèmes de santé, qu'ils soient mineurs ou graves. Cette surfréquentation met une pression supplémentaire sur le personnel médical, qui doit jongler entre les cas réellement urgents et ceux qui pourraient être traités ailleurs. Nous avons tous entendu des patients se plaindre de consultations rapides où ils sentent que leurs préoccupations ne sont pas suffisamment écoutées. Cela soulève la question de la corrélation entre la surcharge des urgences et la qualité des soins dispensés.
Heureusement, il existe des systèmes de triage scientifiques tels que le Manchester Triage System, largement utilisé dans de nombreux hôpitaux. Dans certains services, un infirmier spécialisé en soins d'urgence réalise la première consultation d'admission et évalue la gravité de la pathologie du patient. Cette approche est efficace lorsque le nombre de patients est gérable, mais elle ne résout pas le problème de fond.
Cependant, que faire lorsque les patients affluent en grand nombre ? Cela met une pression maximale sur les urgences, augmentant ainsi le risque d'erreurs de diagnostic et de prise en charge inadéquate des patients. Il est donc urgent de réformer la structure des urgences et de repenser notre vision de ce qu'elles représentent réellement. Il est également essentiel de sensibiliser les patients à ne se rendre aux urgences que lorsque cela est réellement nécessaire. La prévention en amont est-elle efficace ? Cela soulève également la question de l'éducation des patients sur les signes et symptômes qui justifient une visite aux urgences.
Pour résoudre cette problématique, des solutions existent.
Premièrement, il est important d'envisager un dispositif légal permettant aux professionnels médicaux de réorienter les patients dont les soins ne sont pas urgents vers d'autres centres médicaux appropriés. Actuellement, la loi belge oblige le corps médical à accepter tous les patients qui se présentent aux urgences, mais il serait bénéfique de disposer de directives permettant une meilleure orientation des patients en fonction de leurs besoins de santé réels.
Deuxièmement, une meilleure coordination entre les services d'urgence et les médecins généralistes est nécessaire. Des centres médicaux de proximité à savoir les PMG (postes médicaux de garde), gérés par des médecins de première ligne, pourraient être mis en place à proximité pour désengorger les urgences et prendre en charge les patients dont les problèmes de santé ne sont pas urgents. En Angleterre, le système de soins intégrant des médecins de première ligne disponibles 24/24, en symbiose avec les services des urgences, présente de nombreux avantages, notamment grâce à sa proximité avec les patients.
Enfin, il est temps de considérer l'intégration de technologies de santé, notamment l'intelligence artificielle, pour améliorer l'efficacité des soins et libérer du temps pour le personnel médical. L'utilisation de l'IA pourrait contribuer à augmenter la qualité des soins, notamment en facilitant le diagnostic et la prise de décision médicale. Le médecin a besoin d'une validation, et d'un temps de réflexion, l'approche de la technologie peut être une manière de l'aider.
En conclusion, il est essentiel de repenser notre approche des services d'urgences et de mettre en place des mesures pour réduire les visites non urgentes. Cela permettra de soulager la pression sur le personnel médical et d'assurer que les patients nécessitant une assistance urgente puissent être pris en charge de manière appropriée et en temps opportun. Dans le contexte actuel des services d'urgences, le triage reste un véritable casse-tête belge. Nous avons, semble-t-il, une vision erronée de ce qu'ils représentent aujourd'hui. Pour résoudre cette problématique complexe, il est primordial d'envisager une symbiose avec d'autres acteurs de santé. En intégrant plusieurs centres pluridisciplinaires et en favorisant leur collaboration, les services d'urgences pourront se transformer harmonieusement dans les années à venir. Cette approche permettra d'optimiser l'efficacité des soins, de mieux orienter les patients et de garantir une prise en charge appropriée en fonction de leurs besoins réels. La coopération entre les différents acteurs de la santé, l'éducation des patients et l'intégration de technologies de pointe sont des pistes à explorer pour améliorer la gestion des urgences et garantir des soins de qualité pour tous.
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Dr Bakhouche, conseiller politique et spécialiste en gestion et technologie de la santé.
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